Santé

Identifier les signes de problèmes psychologiques chez une personne

Les troubles psychologiques ne se manifestent pas toujours de manière évidente. Des comportements discrets, des changements d’habitudes ou des réactions inattendues peuvent signaler une souffrance invisible, souvent ignorée par l’entourage ou minimisée par la personne concernée.

L’absence de prise en compte de ces signaux augmente le risque d’aggravation, pouvant entraîner isolement, difficultés relationnelles ou complications physiques. Des outils d’identification existent pour repérer plus tôt ces situations et permettre une prise en charge adaptée.

Comprendre les troubles psychologiques : de quoi parle-t-on vraiment ?

Impossible de résumer la santé mentale en quelques mots. Ce champ immense va du mal-être diffus aux maladies psychiatriques reconnues. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit les troubles psychiques comme des altérations du fonctionnement mental, émotionnel ou comportemental, suffisamment marquées pour bouleverser le quotidien. Pour s’y retrouver, les professionnels s’appuient sur des classifications reconnues, comme le DSM-5 ou la CIM-11. En France comme ailleurs, ces repères structurent le diagnostic et l’accompagnement.

Une diversité de troubles : repères et terminologie

Pour mieux cerner ces troubles, il faut d’abord distinguer les grandes familles qui les composent :

  • Troubles anxieux : ils concernent chaque année plus de 15% des adultes, selon l’Inserm. Attaques de panique, anxiété généralisée, phobies : l’intensité varie, la détresse reste bien présente.
  • Troubles de l’humeur : la dépression et le trouble bipolaire touchent de nombreuses personnes. Un épisode dépressif majeur, une phase maniaque, et c’est tout l’équilibre qui vacille.
  • Schizophrénie, troubles obsessionnels compulsifs (TOC), troubles de la personnalité (notamment la personnalité borderline) : ces pathologies, parfois mal perçues, restent souvent mal connues en dehors du cercle médical.
  • Troubles du comportement alimentaire (anorexie, boulimie, TCA) : près de 600 000 personnes sont concernées en France, d’après l’Inserm.

Faire la différence entre un trouble psychique et une difficulté passagère n’est pas toujours simple. Les critères cliniques du DSM-5, croisés avec l’avis d’un spécialiste, permettent d’y voir plus clair. Près d’un tiers de la population sera concerné au moins une fois dans sa vie. Impossible d’ignorer cette réalité plurielle.

Quels signes doivent alerter chez une personne de votre entourage ?

Détecter les premiers symptômes psychologiques chez quelqu’un demande une attention particulière. Le premier indice, c’est souvent une modification notable du comportement. Isolement progressif, irritabilité inhabituelle, désintérêt pour des activités autrefois appréciées : autant de signaux qui appellent à la vigilance.

D’autres signes se repèrent sur le plan émotionnel et cognitif. Pensées négatives qui s’installent, tristesse persistante, difficultés de concentration ou propos laissant deviner une souffrance morale profonde : ces marqueurs sont fréquents dans la dépression ou les troubles anxieux. Les troubles alimentaires, ou une consommation accrue d’alcool ou de drogues, peuvent aussi tirer la sonnette d’alarme.

Quand des troubles du sommeil s’installent (insomnies à répétition, hypersomnie), ou que surgissent idées délirantes, impulsivité ou angoisses envahissantes, il est temps de réagir. Ces manifestations peuvent révéler une pathologie plus sévère, comme la schizophrénie ou une personnalité borderline. Les proches sont souvent les premiers à remarquer ces signaux. Parler, avec délicatesse, peut ouvrir la porte à l’aide dont la personne a besoin.

Voici les signes à surveiller en priorité :

  • Changements durables d’humeur : irritabilité, abattement, enthousiasme excessif.
  • Altérations du sommeil ou de l’appétit : insomnie fréquente, perte ou prise de poids rapide.
  • Comportements à risque : consommation abusive de substances, automutilations, passages à l’acte impulsifs.
  • Discours ou attitudes inhabituels : tendance au repli, propos incohérents, suspicion exagérée.

Face à ces signaux, il vaut mieux orienter la personne vers une évaluation spécialisée. Des outils reconnus comme le test BDI-II pour la dépression ou le test BAI pour l’anxiété peuvent être proposés par les professionnels.

Jeune homme assis sur un banc de parc en automne

Conséquences d’une absence de prise en charge et ressources pour mieux accompagner

Reporter la prise en charge d’un trouble psychique peut avoir des répercussions lourdes. Les symptômes s’aggravent, l’isolement s’installe, les capacités professionnelles ou scolaires s’érodent, et le risque de suicide grimpe. Près de 70 % des personnes touchées par un trouble mental sévère ne reçoivent pas de traitement adapté en France, selon l’Inserm. Le repérage tardif ou la peur du regard des autres retardent l’accès aux soins. Peu à peu, la souffrance s’enracine et la qualité de vie s’en ressent durablement.

Plusieurs dispositifs existent pour offrir un accompagnement efficace. Les psychologues cliniciens et psychiatres assurent des bilans précis et un suivi sur mesure. Selon les besoins, différentes méthodes sont proposées : thérapie cognitivo-comportementale (TCC), EMDR, psychanalyse… Parfois, une hospitalisation s’impose, notamment dans les situations de crise. Les consultations en ligne se développent aussi, rendant l’accès aux soins plus simple, même loin des grandes villes.

Voici quelques ressources à mobiliser selon la situation :

  • Centres médico-psychologiques (CMP) et maisons des adolescents : pour un accompagnement pluridisciplinaire.
  • Lignes d’écoute et plateformes numériques : elles apportent écoute et orientation, notamment pour les jeunes exposés au cyberharcèlement ou à une pression scolaire intense.
  • Groupes de parole pour proches aidants : un espace pour rompre l’isolement social et partager des conseils concrets.

Certains facteurs de risque, antécédents familiaux, lésion cérébrale, période de l’adolescence ou entrée dans l’âge adulte, appellent une attention particulière. Le parcours de soin se construit au cas par cas, en fonction de l’histoire et du contexte de chacun. Face à la détresse psychique, tout l’enjeu est de ne pas laisser les signaux faibles devenir des silences durables.