Nouvelles maladies émergentes et leurs impacts sur la santé publique
350 nouvelles maladies infectieuses, inconnues quelques années plus tôt, ont été détectées à travers le globe depuis 2019. Face à cette poussée, la France a musclé sa veille sanitaire, mobilisant laboratoires de virologie et agences publiques pour détecter, anticiper, et, si possible, couper court aux transmissions humaines avant qu’elles ne se propagent. Les collaborations se multiplient, la réactivité devient la norme.
À mesure que les échanges internationaux s’intensifient et que la biodiversité recule, de nouveaux agents pathogènes font surface. Les autorités sanitaires s’appuient désormais sur des modèles prédictifs, couplés à une surveillance active, pour tenter d’endiguer les risques avant que les premiers foyers locaux ne s’installent. L’objectif : éviter l’effet domino d’une épidémie incontrôlée.
Plan de l'article
Pourquoi les maladies émergentes représentent un défi croissant pour la santé publique
Leur imprévisibilité bouleverse les repères. Les maladies émergentes franchissent les frontières biologiques et géographiques avec une facilité déconcertante. Aujourd’hui, près de 75 % de ces infections humaines sont des zoonoses, issues du monde animal. Et 60 % d’entre elles prennent racine chez les espèces sauvages. Si l’on cherche les causes, la réalité saute aux yeux : urbanisation rapide, déforestation, changement du climat, multiplication des échanges mondiaux, mais aussi consommation d’animaux sauvages. Tous ces facteurs modifient profondément les écosystèmes, rapprochant humains et animaux, et créant un terrain propice à l’émergence de nouveaux virus.
Les conséquences dépassent largement l’apparition de foyers localisés. L’antibiorésistance rend la prise en charge des infections plus complexe et favorise leur persistance. De plus, les agents pathogènes s’adaptent : ils trouvent de nouveaux réservoirs, de nouveaux vecteurs, accélérant la circulation. La pandémie de Covid-19 a mis en lumière les failles des systèmes de surveillance existants et poussé à revoir l’approche : la santé humaine ne peut plus être dissociée de celle des animaux et des écosystèmes. Le principe « One Health », porté par l’OMS, l’OIE et la FAO, s’impose désormais comme cadre de référence pour coordonner la gestion des menaces sanitaires.
Quelques chiffres illustrent l’ampleur du phénomène :
- Près d’un quart des maladies émergentes sont transmises par des vecteurs comme les moustiques, tiques ou autres arthropodes.
- La transformation des habitats favorise l’installation des animaux sauvages à proximité des humains, notamment en zones périurbaines, ce qui multiplie les occasions de transmission de nouveaux agents infectieux.
Pour répondre à ce défi, la France mobilise des institutions telles que l’Institut Pasteur, l’ANRS MIE, le COVARS ou encore le réseau REACTing. Leur rôle : renforcer la détection rapide, coordonner la réponse, et ajuster sans cesse les outils d’alerte. Seule une coopération étroite entre disciplines et institutions permet de garder une longueur d’avance sur ces menaces mouvantes.
Quels sont les mécanismes d’apparition et de propagation de ces nouvelles menaces sanitaires ?
La naissance d’une maladie infectieuse ne tient jamais du hasard. Les mécanismes d’émergence et de propagation reposent sur plusieurs schémas de transmission. On distingue trois grands modes : directe, indirecte, vectorielle. La transmission directe survient lors de contacts rapprochés, comme pour la grippe ou la rougeole. L’indirecte passe par des aliments, de l’eau ou des objets contaminés, à l’image de Salmonella ou Cryptosporidium. Quant à la transmission vectorielle, elle s’appuie sur des arthropodes comme le moustique tigre, désormais bien installé en France, qui peut diffuser la dengue ou le chikungunya.
La zoonose reste le principal moteur. Chauves-souris, pangolins, oiseaux migrateurs hébergent des agents pathogènes capables de franchir la barrière d’espèce. Les marchés d’animaux vivants, la déforestation et l’urbanisation rapprochent l’humain de ces réservoirs naturels, augmentant le risque de transmission interspécifique. Le SARS-CoV-2, très probablement issu d’une chauve-souris, en est l’illustration : le passage à l’humain s’est peut-être opéré via un hôte intermédiaire, tel le pangolin.
Pour mieux cerner ces dynamiques, voici quelques exemples concrets :
- Des vecteurs, comme la tique Hyalomma ou le moustique tigre, adaptent leur aire de répartition au gré des évolutions climatiques.
- La multiplication de nouveaux animaux de compagnie et l’essor des fermes pédagogiques introduisent régulièrement des risques zoonotiques inédits.
Lorsqu’une bactérie ou un virus devient résistante aux traitements, la période de contagion s’allonge, ce qui favorise la circulation du pathogène. Ajoutez à cela la mobilité des populations et le commerce international : la diffusion d’un agent infectieux ne connaît plus de frontières. Un cas détecté à l’autre bout du monde peut, en quelques jours, devenir une menace locale.
Recherche, prévention, coordination : comment la France se prépare face aux futures épidémies
La recherche avance en première ligne, portée par l’Institut Pasteur et son réseau international. L’ANRS Maladies infectieuses émergentes (ANRS MIE) pilote la riposte scientifique, en structurant des programmes sur le VIH, les hépatites, mais aussi sur des agents émergents encore méconnus. Cette organisation permet de lancer très vite des protocoles de recherche lors de signaux faibles ou d’alertes sanitaires.
La prévention repose sur un maillage de réseaux de surveillance, capables de détecter précocement les signaux d’alerte. Le Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale, devenu COVARS, suit de près l’évolution des risques. Ces structures collaborent avec l’OMS et des réseaux internationaux comme GOARN pour organiser la réponse en cas d’urgence.
La stratégie « One Health » prend de l’ampleur. En associant santé humaine, animale et environnementale, elle cible les racines mêmes des risques d’émergence. Désormais, médecins, vétérinaires, biologistes, écologues travaillent de concert, on le constate dans les programmes de suivi de la faune sauvage ou dans la lutte contre l’antibiorésistance.
Quelques illustrations de cette mobilisation collective :
- Les plateformes REACTing, activées durant la crise Covid-19, ont permis de décloisonner la recherche et de gagner en réactivité.
- Le maillage des agences sanitaires françaises s’appuie sur la diplomatie scientifique, en lien avec l’OMS, la FAO et l’OIE.
Surveillance, évaluation des risques, alerte rapide : ce triptyque guide la politique d’anticipation. Chaque nouvelle menace rappelle que l’efficacité dépend d’une coordination immédiate et d’une expertise partagée. Face à la vitesse des mutations microbiennes, l’immobilisme ne pardonne pas. Rester vigilant, c’est refuser de laisser la santé publique se jouer à pile ou face.
